J. S. Bach

Fugue en do mineur du second livre du clavier bien tempéré

Introduction - Le(s) contresujet(s) (2)
Jouer la fugue avec suivi de partition
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La directivité d'un élément thématique est souvent employée par Bach comme un paramètre symbolique. Cette directivité, ce mouvement, peut s'opérer dans l'espace des hauteurs comme dans celui des durées.
Les deux premiers contresujets ont une directivité opposée : le premier descend et le second monte, tous deux continuement. Toutefois, le second monte deux à quatre fois plus rapidement que le premier ne descend, ce qui permet de le faire entendre deux fois par mesure sous la forme d'un aller-retour triangulaire.

Le second contresujet apparait donc comme une accellération du premier, dont la direction est inversée.
Si les deux premiers contresujets se caractérisent par un rythme inexistant, (chaque note a la même durée), le troisième contresujet possède une identité rythmique forte car basée sur une syncope. Les hauteurs, en revanche, sont figées autour d'une note pivot qui sera répétée plusieurs fois, ce qui ne se présentait jamais dans les deux cas précédents.
Les trois directions superposées forment donc une croix tout comme le sujet.
Un exemple de l'emploi de thèmes à rythme neutre et à directivité importante est donné par le "deposuit" du magnificat. Le ténor chante une gamme descendante continue sur le mot "deposuit", pour figurer la déposition du corps du christ. Lorsqu'il est question de rédemption, la vocalise s'inverse et adopte une inflexion ascendante.

Dans le cas qui nous intéresse, il apparait que la thématique de la fugue reprend les mêmes constituants que dans le "deposuit". En effet, le sujet (au propre comme au figuré) de cette fugue est la croix, et plus précisément la déposition du corps du christ et la rédemption figurée par l'ascension vers le ciel.

Si l'importance du nombre trois chez Bach est habituelle, ce qui l'est moins, c'est qu'il renforce ce paramètre par le fait que la densité de la polyphonie, dans la première partie de cette fugue, est constament de trois voix, ce qui ne l'empeche pas d'opérer normalement les 4 entrées de l'exposition. Il faudra attendre le milieu de la strette pour faire entrer la quatrième voix.
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